Wednesday, 13 July 2011

avoir 15 ans.

j'aimais ça quand il m'appelait pour me dire des niaiseries. j'étais pas mal jeune, plus que maintenant même, pi je trouvais ça cool qu'il soit en appartement. parfois il m'appelait pas pour dire des niaiseries, mais pour que je le rejoigne et je sortais par la fenêtre de ma chambre quand il était tard pour pouvoir rentrer sans couvre-feu. je me sentais rebelle.

il pouvait acheter de l'alcool, ce qui le rendait encore plus cool à mes yeux. des fois on se saoûlait. d'autres fois on fumait du pot. quand il en restait plus on fumait du thé.

il était végétarien, moi aussi. sûrement pour faire comme lui. mais j'avais tous mes arguments prêts pour pouvoir répondre aux gens qui critiquaient mon choix.

ses amis étaient vraiment bien. ils m'impressionnaient pas mal. au collège je faisais dur certains matins, avec ma chemise toute fripée de la veille, ma jupe écossaise tout croche, mes collants troués, mes souliers pleins de bouette. et mes cheveux mêlés et mes cernes sous les yeux. je dormais en bio, je parlais tout le temps en maths, je riais de mon prof de géo et je trouvais que tout le monde était con. encore aujourd'hui, mon premier rang cinquième dans toutes les matières demeure un mystère.

avec des amis du collège, on se saoûlait chez nos parents pendant les pédagogiques. on commençait à boire le matin, on vomissait en après-midi, on ramassait et on faisait une sieste. quand nos parents revenaient, aucune trace de rien. des fois ils décidaient de venir diner le midi et là il fallait se cacher dans les garde-robes.

on se prenait pour des artistes de talent, je voulais devenir écrivaine ou peintre ou journaliste. on allait au lab, c'est une place pour réhabiliter les junkies par l'art, mais c'était trash et ils fournissaient les toiles et la peinture. on pouvait même avoir de l'argile des fois. on allait dans un resto communautaire où si tu les aides à faire des biscuits, tu peux manger gratuitement. c'était vraiment bon en plus.

on allait à des bush, je sais pas s'ils appellent ça comme ça ici, mais nous on disait vas-tu au bush à l'île. d'autres fois c'était dans des champs ou à la marina. on tombait dans les ruisseaux, mon ami essayait toujours de pêcher des ménés à mains nues pi il s'étonnait toujours de ne pas en attraper. on disait à nos parents qu'on couchait chez l'un et l'autre et je sais pas s'ils nous croyaient, mais on revenait immanquablement en sentant le feu et en étant tachés de gazon et de terre.

à la fin d'une année scolaire, c'était un gros bush et la police est venue en 4 roues nous chercher et tout le monde courait et nous on a dormi dehors au collège. dormir c'est un grand mot.

des fois j'aimerais ça avoir 15 ans encore mais juste une journée parce que sinon j'arrêterais d'idéaliser ma jeunesse.

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