J'ai reçu ta deuxième lettre de l'autre bout du monde. Je veux t'écrire ici sans t'avertir pour que tu trouves ma lettre un jour par hasard. J'espère que ça fait ton affaire.
C'est vraiment bizarre d'écrire pi d'être consciente que quelqu'un que tu connais va te lire. Ça me met la pression. Mais je vais faire comme si de rien n'était.
L'hôpital c'est commencé pour vrai. Les six derniers mois, c'était de la pratique, là c'est la vraie affaire. C'est épeurant, je suis responsable du plan de traitement de kids. J'apprends à chaque jour, mais c'est pas comme si je savais vraiment ce que je fais. Des grosses journées, 10-11 heures chaque jour pi 15-16 heures les jours de garde. We die.
Mais j'aime vraiment ça. Et les gens sont super gentils. Et je me sens utile pour une fois. Pas le temps, ni l'énergie de faire du sport par contre (I'll be fat when you come back, so sorry). Pas l'énergie ni le temps d'étudier non plus. Je vais devoir me botter le cul pour étudier durant mes journées de congé. Le soir tu rentres pi tu peux rien faire. Je mange, j'écoute la télé, je parle avec toi, pi dodo. Va falloir que tu m'aides quand tu vas être là. Le ménage, la bouffe, les courses, on va vraiment devoir se partager les tâches. Else I die.
Je m'ennuie. J'ai presque oublié c'était quoi être avec toi. La possibilité que tu sois autre chose qu'une image qui bouge et qui parle dans un écran m'apparaît farfelue. Ton odeur, je l'ai pas mal oubliée. Tes mains, ta bouche, ton sexe, c'est encore dans ma tête par contre. Faut que t'arrêtes de partir tout le temps pour longtemps. 4 mois c'est fucking long. Je suis pas intéressée à retenter l'expérience. Je t'aime. Mais 4 mois c'est trop. Tu me manques.
Pour le reste, j'espère qu'on va bien s'entendre quand tu vas arriver. La cohabitation risque d'être un peu difficile au début, je suis "autiste" ne l'oublions pas, mais j'ai confiance.
À bientôt mon amour. 13 dodos.
xx
